Comment récolter des algues sur l’île de Ré

Un peu d’histoire de la cueillette des algues sur l’île de Ré.

Les premières cueillettes ont eu lieu dès le Moyen Âge. Le but était alors d’enrichir les terres agricoles en nutriments. Cette méthode s’appelait le “varechage”. Au XIXe siècle, l’agriculture s’intensifie et les métiers de la mer se démocratisent. L’exploitation des algues suit cette évolution (pour rendre plus fertiles les terres sablonneuses). En parallèle, l’industrie de la soude se développe : certaines algues riches en iode, comme le fucus, sont récoltées et brûlées pour en extraire des substances utilisées dans la fabrication du verre et du savon.

Mais suite à l’introduction de produits chimiques dans l’agriculture (engrais chimiques) et l’industrie, les algues ont perdu de leur intérêt. Seuls quelques éleveurs continuaient à les utiliser pour nourrir leurs animaux. Elles étaient aussi utilisées par la population pour le compost, les tisanes (en mélangeant du lierre à la coralline officinale), ou encore le lichen de mer, qui servait de remède contre la toux.

Aujourd’hui, la récolte des algues connaît un regain d’intérêt, notamment grâce à l’essor de la cosmétique marine, de la pharmacologie et de la gastronomie. Certaines espèces, comme les laitues de mer ou les nori, sont recherchées pour leurs propriétés nutritionnelles et gustatives. Des initiatives locales (comme la nôtre, Aoré) visent désormais à valoriser les algues de l’île de Ré, tant pour leur potentiel économique que pour la préservation de l’environnement. Cependant, la prolifération des algues vertes, liée aux déséquilibres écologiques, constitue un défi pour la gestion des ressources marines.

Ainsi, depuis le Moyen Âge, les Rétais récoltent les algues. C’est pourquoi il est important de transmettre cette pratique à notre génération et aux suivantes. Les algues sont un produit d’avenir : apports nutritifs exceptionnels, lutte contre l’agriculture intensive, etc.

Comment récolter des algues sur l’île de Ré ?

Quelles sont les normes à respecter lors de la récolte ?

Il faut, dans l’idéal, respecter différentes étapes. Ces étapes varient selon que vous récoltez pour le compte d’une entreprise ou à des fins personnelles.

Professionnels :

Si vous récoltez des algues pour le compte d’une entreprise, vous devez obtenir un accord de la préfecture locale (ici, la préfecture de la Charente-Maritime). Cette demande, à renouveler chaque année, doit être préparée en amont en définissant les lieux de récolte, les espèces ciblées, les quantités, etc. La demande doit être faite avant le 31 décembre de l’année précédant celle de la récolte.

📄 Lire l’arrêté du 5 août 2020 sur la réglementation en Charente-Maritime

Normes communes (professionnels et particuliers) :

  • Récolte interdite de nuit (sécurité, respect de la faune, réglementation).
  • Outils autorisés : ciseaux, faucilles, couteaux, sécateurs.
  • Arrachage interdit (sauf exceptions).
  • Hauteur de coupe réglementée selon les espèces :
  • Porphyra spp : 25 cm
  • Palmaria palmata : 25 cm
  • Himanthalia elongata : 80 cm
  • Saccharina latissima : 150 cm
  • Ascophyllum nodossum : 30 cm
  • Savoir reconnaître les familles d’algues (brunes, rouges, vertes) et celles soumises à réglementation :  Par exemple, chondrus crispus et Mastocarpus stellatus, récoltés uniquement du 1er mai au 30 octobre.

📄 Lire l’arrêté sur les algues de rive en Charente-Maritime

Particuliers :

  • Limite de 5 kg par personne et par jour.
  • Récolte strictement personnelle, la vente de la récolte est interdite.

Où récolter des algues sur l’île de Ré ?

  • Fier d’Ars (Ars-en-Ré) : algues brunes (fucus, laminaire). Attention aux zones Natura 2000.
  • Plage des Prises (La Couarde-sur-Mer) : laitue de mer, nori.
  • Plage de Rivedoux : wakamé, fucus vésiculeux.
  • Les Portes-en-Ré (côté océan) : algues vertes et rouges.
  • Plage de la Conche des Baleines : idéale pour la laitue de mer.

Comment couper les algues correctement ?

Une algue est composée de trois parties : le crampon (base), le stipe (tige), et la fronde (feuille).

Ne jamais arracher le crampon : cela empêche la repousse. Ne pas ramasser d’algues échouées (toxiques ou impropres à la consommation).


Espèce

Où couper ?

Précautions

Laitue de mer (Ulva lactuca)

2 cm au-dessus de la base

Éviter les zones polluées

Aonori (Ulva sp.)

Laisser une partie fixée

Ressource fragile

Nori (Porphyra sp.)

Laisser 3-5 cm de base

Ne pas racler la roche

Dulse (Palmaria palmata)

5 cm au-dessus du crampon

Ne pas cueillir les morceaux détachés

Fucus vésiculeux (Fucus vesiculosus)

10 cm au-dessus du crampon

Éviter les vésicules

Laminaire (Laminaria digitata)

Mi-stipe (20 cm de tige)

Limiter la quantité

Wakamé (Undaria pinnatifida)

15 cm au-dessus du crampon

Bien identifier cette algue (invasive)


Avec quoi couper ? 

A l’aide de ciseaux, de faucilles, de couteaux ou  de sécateurs.

Quelles mesures de sécurité suivre ?

  • Consulter les horaires de marée (marée basse nécessaire).
  • Équipement conseillé : gants, salopette imperméable, bottes.
  • Attention aux dangers de l’estran : marées, roches glissantes ou coupantes, coquillages.